Maryse Condé : gardienne de Mémoires.
Le 2 avril dernier, l’écrivaine et enseignante guadeloupéenne Maryse Condé née en 1934, s’est éteinte mais son génie ne cessera de résonner dans les mémoires pour sa magistrale œuvre littéraire qui a donné la voix aux marginalisés, posé la lumière sur les oubliés.
En transcendant les époques et les contextes géographiques, Maryse Condé explore avec finesse et sensibilité les complexités de l'identité, de la race, du genre et de la diaspora, du colonialisme, de terre d’origine et de retours du genre en Afrique et aux Antilles.
Que nous soyons passionnés d’histoires, défenseurs des questions de genre ou en quêtes de récits personnels, le regard puissant de Maryse Condé ne manque à retracer les complexités et les nuances de l’expérience humaine ; voici trois recommandations d’ouvrages qui en font la promesse.
« Ségou » (1984).
"Ségou" est une saga de deux romans historiques sur l’épopée de l'empire Bambara au Mali au XVIIIe siècle, en se concentrant sur la famille Traoré dans la vie de Ségou. Maryse Condé nous plonge avec précision dans l’imaginaire d’un empire Bambara en proie à la colonisation, aux luttes du pouvoir, aux ramifications politiques et aux des défis rencontrés par la société face à la colonisation et à l’arrivée de l’Islam.
« Moi, Tituba sorcière » (1986)
Dans, "Moi, Tituba sorcière" Maryse Condé dévoile le dur parcours d’une esclave de la Barbade, Tituba. Celle-ci est accusée de sorcellerie lors des tristement célèbres procès de Salem en 1692. L’écriture du roman nous plonge dans un voyage émotionnel, décrit les ravages des injustices raciales, sociales et de genre de l'époque coloniale. À travers le personnage courageux de Tituba, les réalités sombres de l'esclavage sont révélées tout en dépeignant la résilience face à l'oppression et une perspective profondément audacieuse de la superstition.
« Le cœur à rire et à pleurer » (1999)
Dans ce récit autobiographique, l’autrice se raconte à travers ses racines guadeloupéennes à l’époque coloniale. Anecdotes poignantes et souvenirs personnels, font l’infinie lumière de ce portrait émouvant. Maryse Condé partage une partie de l’intime de son enfance, de sa famille et de sa découverte de l'identité, dans un contexte intense de lutte pour l'indépendance.
En rendant hommage à son héritage culturel, elle fait perdurer l’empreinte de son engagement politique et ses profonds espoirs de voir une Gwadloup indépendante et libre.
Maryse Condé laisse derrière elle un héritage littéraire considérable et précieux. Puisse son œuvre continuer d'inspirer, d'éduquer et de provoquer des conversations aussi essentielles.
« Je mourrai guadeloupéenne, une Guadeloupéenne indépendantiste »