Responsabilité politique collective et boycott : l’urgence de la mobilisation

Des mois maintenant que nous assistons au génocide et massacre des populations palestiniennes, congolaises et soudanaises. Si les rassemblements, manifestations et cagnottes se font nombreux, le sentiment d’impuissance n’a jamais été aussi présent. La Palestine, le Congo et le Soudan sont confrontés à des violations des droits de l'homme et à des injustices politiques qui nécessitent une action collective et citoyenne. Entre les autorités gouvernantes qui font la sourde oreille et ceux qui refusent de répondre présent aux multiples invitations au boycott, notre individualisme et confort personnel semblent avoir pris le dessus sur notre humanité.

Manifestation en faveur de la Palestine ; Paris, le 27 mai 2024

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La responsabilité politique collective : un devoir moral et social.

S’il y a une théorie que ces derniers mois confirment, c’est bien celle d’une responsabilité (sociale et politique) collective. Explicite de par les lois et implicite de par la morale et le bon sens en chacun de nous, cette notion de responsabilité collective fait référence à une prise de conscience et à un engagement des citoyens, des organisations et des gouvernements à agir de manière responsable envers la société dans son ensemble. Cela implique ainsi de reconnaître et d'assumer les conséquences de nos actions sur et pour la société, l'environnement et les générations futures.

Cette idée de responsabilité partagée, qui d’ailleurs suscite des débats et des réflexions, tant dans les sphères privées que publiques, peut-être abordée sous 2 angles.

D’un côté, il y a la responsabilité politique, celle que nous portons tous de par nos choix électoraux (principalement). Ici, cela renvoie à l’impact direct que ces décisions vont avoir sur la gouvernance et la direction politique de la société. Nos choix de votes (et d’abstention au vote) influencent les politiques mises en place et les décisions prises au niveau nationale et international.

De l’autre côté, il y a la responsabilité sociale. Elle concerne la manière dont nous interagissons les uns avec les autres. Il s’agit ici d’avoir conscience de l'impact de nos actions sur les autres et d'œuvrer ensemble pour améliorer les conditions de vie de tous. La responsabilité sociale intervient à une échelle plus individuelle ; dans nos choix de consommation, notre respect des règles de vie commune et surtout la conscientisation des répercussions de chacun de nos actes -aussi minimes soient-ils- sur l’environnement et les Hommes.

Comprendre ce qui se passe dans le monde.

Dans le cas de la Palestine, du Congo et du Soudan, il est crucial de reconnaître que les violations des droits de l'homme et les conflits politiques qui y sévissent sont le résultat de décisions politiques et militaires. Cela souligne la nécessité pour les citoyens (privilégiés) du monde entier de se sentir concernés par ces situations et de prendre part à des actions collectives pour exiger des changements.

Guerre au Congo : les ravages d’une exploitation abusive des ressources naturelles

En proie à des conflits armés depuis 1993, le Congo traverse actuellement une crise sociale et politique dont les répercussions sur les populations locales sont sans précédents.

Avec ses gisements d’une cinquantaine de minerais, la RDC est l’un pays les plus riches en ressources naturelles au monde. Toutefois au lieu de bénéficier à la population congolaise, ces richesses sont majoritairement entre les mains d’acteurs politiques et économiques étrangers (principalement la France, les États-Unis et le Rwanda) qui s’en livrent à une exploitation excessive, alimentant ainsi les conflits et la violence.

Cette exploitation abusive des ressources naturelles a des conséquences désastreuses. D'une part, les communautés locales qui vivent dans les zones minières sont souvent déplacées de force, privées de leurs moyens de subsistance et exposées à des violations des droits de l'homme et des crimes de guerre (travail infantile, vi*ls, meurtres…). D'autre part, les revenus tirés de ces ressources ne bénéficient pas à la population dans son ensemble, mais sont souvent détournés par des élites politiques corrompues. Sur le plan politique justement, ce système alimente la corruption, les conflits et les tensions ethniques. Les groupes armés se disputent le contrôle des zones minières pour s'enrichir au détriment de la population locale, ce qui contribue à l'instabilité du pays, sans compter sur l’incapacité des gouvernements successifs à mettre en place des mesures efficaces pour réguler l'exploitation des ressources naturelles et veiller au respect des droits des populations locales.

Le génocide Palestinien par Israel.

Le génocide palestinien trouve ses racines dans l'expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leurs terres lors de la Nakba, en 1948. Depuis, les populations palestiniennes ont subi des décennies de colonisation, de guerres, de blocus et de discriminations et sont soumises à un système d'apartheid qui les prive de leurs droits fondamentaux, tels que la liberté de mouvement, l'accès aux ressources et services de base ou encore le droit de propriété. Les forces israéliennes mènent régulièrement des opérations militaires brutales contre les Palestiniens, en tuant des civils, en détruisant des infrastructures et en perpétrant des actes de torture et de détention arbitraire. Cette répression systématique vise à terroriser et à amener les Palestiniens à abandonner leur lutte pour l'indépendance et la justice.

Ce génocide est également permis par le soutien inconditionnel des puissances occidentales, notamment la France, le Canada, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Ces derniers ont d’ailleurs fourni des milliards de dollars en aide militaire et diplomatique à Israël, ce qui renforce sa capacité à mener des opérations militaires et à commettre des violations des droits de l'homme en toute impunité. La France quant à elle s’est permise d’accorder une tribune à Benjamin Netanyahou sur TF1, 1ère chaine télévisée du pays, alors même qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Ce soutien indéfectible permet à Israël de continuer ses politiques d'occupation et de colonisation, et encourage l'impunité pour les crimes commis contre le peuple palestinien.

Affrontements paramilitaires dans un Soudan déjà fragile.

Depuis un peu plus d'un an, le Soudan est confronté à un conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) commandées par le général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (RSF), une milice paramilitaire dirigée par le général Mohammed Hamdan Dagalo.

Les tensions et les rivalités personnelles entre les deux généraux, autrefois alliés, ont exacerbé le conflit entre ces deux forces. Les SAF affirment que les FSR cherchent à empiéter sur leur autorité et à affaiblir leur position au sein du gouvernement. Pour leur part, les FAR estiment que les FAS entravent leur influence croissante et tentent de minimiser leur autorité par des manœuvres politiques et militaires.

Cette volonté de contrôle du pouvoir a également eu des répercussions sur la population soudanaise, prise en otage par ces rivalités politiques. Les affrontements entre les deux camps entraînent des violations des droits de l'homme, des arrestations arbitraires et des sévices à l'encontre des civils, instaurant un climat de peur et d'insécurité dans le pays.

Les conséquences de ce conflit militaire sont dévastatrices pour la population soudanaise, qui souffre aujourd'hui de famine et de graves pénuries alimentaires. Les combats entre les SAF et les RSF ont détruit les infrastructures agricoles, bouleversé les récoltes et provoqué le déplacement de milliers de personnes, plongeant le pays dans une nouvelle crise humanitaire.

Agir à notre échelle : faire preuve de conscience dans nos choix de consommation.

Le boycott est l’un des outils les plus puissants pour exprimer un désaccord avec les politiques des gouvernements et/ou des entreprises. En refusant de consommer certains produits, de soutenir des entreprises qui participent à des actions répréhensibles et en se dirigeant, au contraire, vers des marques qui respectent les droits humains et les normes éthiques, nous nous adressons aux entreprises et aux politiques dans le seul langage qu’ils comprennent : celui de l’argent.

Toutefois, cela ne doit pas se limiter à une simple action ponctuelle. Il doit être soutenu par une réelle volonté de changer les choses et de promouvoir des alternatives en phase avec nos convictions et nos valeurs. Coca, McDo, Starbucks, L’oréal, Carrefour, ou encore Apple sont les principaux noms qui reviennent sur les listes de boycotts, pour les liens étroits qu’ils entretiennent avec Israël (par le biais d’investissements, de partenariats ou de ventes de leurs produits) et/ou pour leur exploitation illégale des ressources naturelles au Congo par exemple.

L’application Boycott X développée en décembre 2023 par Chedy El Tabaa constitue d’ailleurs un excellent outil pour accompagner les initiatives de boycott. Elle répertorie les marques et produits à effacer de notre liste de courses et prend en compte les droits humains concernant plusieurs conflits dont les génocides palestinien, congolais et ouïghours ; ainsi que des informations sur les produits néfastes pour l’environnement et les animaux.

En parallèle du boycott, d’autres actions sont à la portée de tous : partager autant d’informations que possible, s’éduquer sur la situation, se rendre aux manifestations quand l’occasion se présente, aller voter aux élections ou encore tenir des conversations (parfois désagréables) dans des sphères privées afin d’éveiller certaines consciences sont autant d’efforts utiles et nécessaires.

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